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Émission du 8 février 2011 (n° 488) | Féenose | Musique | Rap et hip-hop
Féenose, première artiste féminine du rap burkinabé, lutte contre l’excision et son meilleur ami, le sida
11 février 2011 (survivreausida.net)
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Écouter: Féenose, première artiste féminine du rap burkinabé, lutte contre l’excision et son meilleur ami, le sida (MP3, 6.4 Mo)
Ousmane : Une fée on va dire. Donc l’artiste en question s’appelle Féenose. C’est une artiste burkinabée, une des ardentes militantes pour la lutte contre l’excision des jeunes filles au Burkina Fasso en particulier, en Afrique en général parce qu’on sait que c’est un phénomène qui depuis quelque temps, qui est suivi de près par nos gouvernements pour justement lutter contre la mutilation génitale des jeunes filles. Et Féenose est la première artiste féminine du rap burkinabé et j’ai eu la chance de la rencontrer ici à Paris lors d’un concert où elle était venue. Et on a quand même pas mal parlé. Je lui ai proposé en tout cas d’intervenir pour l’émission Survivre au sida par rapport aussi à sa lutte à elle. Et comment est-ce qu’elle voit la vie des personnes séropositives et aussi toutes ces filles victimes de mutilations génitales. Et donc elle a accepté volontairement et surtout avec honneur de répondre à nos questions au plaisir de nos amis auditeurs et auditrices de l’émission Survivre au sida. Donc je vous laisse découvrir cette fée, moi je dirai cette princesse du Burkina Fasso.
Début du son.
Féenose : Déjà, coucou à tous ceux qui écoutent l’émission en ce moment. Donc moi c’est Féenose. À l’état civil c’est Sylvie. Puis mon âge 28 ans. Situation matrimoniale mariée, pas d’enfants.
Ousmane : Féenose fait quoi dans la vie ?
Féenose : Féenose, en fait elle fait pas mal d’activités. Et l’activité qui m’amène aujourd’hui à toi c’est la musique, la chanson.
Ousmane : Ta première relation sexuelle. C’était avant ou après avoir commencé à faire de la musique ?
Féenose : C’était avant. Avant d’avoir commencé à faire de la musique.
Ousmane : Tu avais quel âge ?
Féenose : (Rires). Bah ! Là faut que je réfléchisse un peu. J’étais disons adolescente, 15-16 ans quoi. Quel genre de femme je suis ? Disons que sur cette question, c’est mon mari qui pourrait être très bien placé pour y répondre. Mais je dirais que je suis fidèle en amour et puis j’aime bien être aussi au soin de la personne que j’aime, de la personne que j’aime, de l’homme que j’aime. Puis en tant que, ma personne en moi hormis la femme qui est là pour son mari, aux yeux de mes amis, j’aime bien être aussi présente. En fait je suis, je pense, assez attentionnée, je crois. Hétéro (rires)
Ousmane : Te dirais-tu féministe ou juste une femme ?
Féenose : C’est une question assez délicate parce qu’il y a des extrêmes et tout ça. Il faut savoir, en fait c’est quoi en fait le terme féministe. Est-ce qu’être féministe c’est quand en fait on défend la cause des femmes, quand on en parle, quand on veut essayer de faire comprendre au monde que chez nous en Afrique, quelque soit le pays africain dont il s’agit, que les femmes ont toujours du chemin à faire et tout. Je ne sais pas défendre ses causes de ne plus porter cela. Ça peut se qualifier de féministe ou pas. Donc voilà, c’est cela en fait la compréhension de tous, c’est que chacun peu se faire... en tout cas extrémiste je ne suis pas du tout, mais je suis là pour défendre la cause des femmes sans non plus vouloir fermer les yeux sur ce qui n’est pas bien.
Ousmane : Et quelle est ta position préférée au lit ?
Féenose : (Rires) Waw ! Je ne sais pas. Toutes les positions.
Ousmane : Avec ou sans préservatif ?
Féenose : Vu que je suis avec mon mari, qu’on est marié depuis, on n’utilise pas de préservatif.
Ousmane : Et as-tu déjà fait un test de dépistage ?
Féenose : Oui, j’ai déjà fait un test de dépistage. Je ne te dis pas comment ça fout une peur. Je me rappelle que j’ai fait ça avec une amie parce qu’en fait on voulait être deux à avoir la peur à contrôler et tout. Et le jour où il fallait prendre les résultats, mais on a cru que, voilà quoi. On a déjà imaginé si c’est positif comment on fait et tout ça. C’est sûr que ça te fait réfléchir en fait sur toute la vie, le sens de la vie.
Ousmane : Et une campagne de prévention de lutte contre le sida, c’était quand la dernière fois que tu as pu voir ou apercevoir ?
Féenose : Je dirais que, vu que je suis souvent devant la télé ou devant plutôt l’ordinateur, je lis beaucoup et puis les campagnes, j’en vois beaucoup aussi à la télé. Quand je regarde certaines émissions et puis sinon mis à part ça dans le quotidien on en parle. Je pense qu’au quotidien on est sensibilisé. Quand on veut entendre, on entend.
Ousmane : Tu vis en Allemagne, quelle est l’actualité sur le VIH ?
Féenose : Je vis en Allemagne oui. L’actualité sur le VIH. Il n’y pas longtemps j’ai vu une émission concernant, quand il y a eu la journée internationale de lutte contre le sida où il y avait des séropositifs qui exprimaient. La manière dont c’était difficile en fait de vivre avec le sida malgré qu’en fait, certains pays développés et tout ça. En fait parce que, il y en a qui ont toujours la crainte, quand on voit sida, on ne voit personne mourante tout ça. Alors que maintenant avec tous les différents traitements qu’il y a, ça permet aux personnes en tout cas qui peuvent s’offrir ces traitements de vivre avec le virus dans le sang, sans pour autant être malade, sans que la maladie ne se déclenche. Et donc que c’était tout un travail en fait pour faire comprendre toujours aux gens. Faire accepter tout cela. Donc disons que c’est assez complexe le sida il faut avouer. On se dit, tant que ça ne nous approche pas de près, on se dit ah non, non, on peut gérer, une personne malade du sida. Mais dès que ça s’approche de nous et qu’on est en face de cela, on ressent en fait beaucoup plus l’impact. Et ça se fait qu’on se demande, comment est-ce qu’il faut se comporter avec la personne pour ne pas blesser la personne ou ne pas faire ci ou ne pas faire ça. En faite, les gens se posent trop de questions et finalement peut-être ce qu’il faut faire c’est que peut-être il ne faut pas se poser trop de questions. Parce que tout ça, ça joue en fait sur le mental des personnes qui doivent vivre au quotidien avec cela et qui ne savent pas trop ce que les gens pensent de leur comportement vis-à-vis de soi. Et ça fait qu’ils se retrouvent à se renfermer sur soi. Et voilà quoi. Ce qui fait encore un poids à porter en plus de ce qui n’est pas déjà du tout facile.
Ousmane : Toi, en tant que jeune femme, penses-tu que les campagnes de prévention faites aujourd’hui te parlent ?
Féenose : En tant que jeune femme, je dirais qu’en fait les campagnes qui sont faites aujourd’hui, c’est toujours à ceux qui veulent entendre. Tant que, tu n’as ouvert, tant que tu n’as décidé d’ouvrir ton coeur, regarder vraiment le message qu’on te lance. On a beau être violent avec une publicité, il n’y aura toujours pas de réactions. En fait, je pense que c’est à un certain moment, quand on prend conscience que de ce que c’est la vie au quotidien, de ce que c’est être en bonne santé ou ne pas l’être. Et à partir de ce moment, on est sensible maintenant aux campagnes de publicité. On fait plus attention, on s’y active aussi à cela.
Ousmane : Et selon toi, que faut-il faire pour que celui puisse vraiment passer chez les jeunes ? Quand on sait que malgré ces campagnes, il y a aujourd’hui, de plus en plus de jeunes contaminés par le VIH/Sida ici en Europe comme en Afrique.
Féenose : Justement, c’est le point que j’avais abordé précédemment. C’est seulement les gens qui ont envie d’ouvrir les yeux, d’écouter, d’entendre le message qui sont touchés. Ceux qui, par exemple un adolescent qui est en pleine crise d’adolescence se rebelle et puis en fait ne comprend pas ce que c’est en fait la vie, le danger, ce que c’est le risque d’avoir le sida et tout. Parce qu’il y a en qui se dise oh le sida ça va, c’est cool, il y aura qu’à prendre les médicaments et tout, ça va passer de toute façon. Maintenant le virus il ne se déclare pas chez certains malades. En fait ça fait que, une certaine jeunesse qui n’a pas conscience en fait de vraiment cela. Après quand ils prennent un peu certain âge, mais c’est déjà trop tard puisque le mal est déjà conçu. C’est là peut-être la solution, peut-être c’est leur parler en tant que grand frère ou grande soeur leur dire que, voilà nous on est passé par là où on était jeune, on se disait le sida ça été créé par des gens seulement pour nous emmerder, pour qu’on ne s’amuse pas et tout. Mais après que quand on évolue et quand on se rapproche des réalités en fait de la vie, quand on voit que maintenant, ce n’est pas une blague le sida ça existe, vraiment il faut être prudent, il faut faire ci et ça. Et là en fait, on le comprend. Je pense qu’il faut avoir cette approche de jeunes à jeunes sans vouloir être agressif et tout. En fait faire comprendre.
Ousmane : Féenose tu es une voix contre l’excision qui est un véritable fléau pour les femmes en Afrique. Qu’est-ce qui t’a poussé à vouloir combattre ce mal ? Est-ce une expérience vécue ou juste parce que tu te sens concernée en tant que femme ?
Féenose : Je me sens disons vraiment beaucoup concernée en tant que femme, parce que je trouve que de nos jours le sujet ne devrait plus avoir sa place généralement en Afrique. Parce que c’est beaucoup en Afrique qu’il est pratiqué aussi, au Maghreb et tout. Donc en venant pour le Burkina, je sais que le Burkina a abolie, condamne l’excision en tant que crime et parfois en fait les histoires en fait de voisin ou voisine qui font amener leurs enfants au-delà de la frontière du Burkina pour les faire exciser où disons dans un coin caché, je trouve que c’est vraiment inacceptable de nos jours. Et il faut vraiment qu’on unisse nos voix pour pouvoir surmonter en fait ce grave problème qui nuit en fait à la santé de beaucoup de filles et qui aussi, par lequel beaucoup de filles sont innocemment allés dans l’au-delà. C’est une manière à moi par les moyens que je peux, apporter ma voix à cette lutte. Et c’est aussi une lutte qui rentre dans le VIH parce qu’il y du sang qui coule, c’est fait avec des lames de couteau. Donc c’est une manière aussi de sensibiliser aussi contre le sida.
Ousmane : Et donc pour toi, est-ce qu’on peut dire que l’excision rime avec VIH ?
Féenose : Si on peut le dire.
Ousmane : Féenose séropositive, on ne le souhaite pas. À qui le dirais-tu ? Et si ton homme était séropositif, l’aurais-tu accepté comme compagnon ?
Féenose : Je l’aurai accepté parce que pour moi l’amour, c’est le coeur qui parle et on ne peut pas, tout ce qu’il y a derrière, c’est sûr que la nouvelle aurait été dure à encaisser. Mais non pour ça je ne l’aurais pas quitté et puis je pense aussi, si c’était dans le sens inverse, que ça se trouvait de mon côté, il aurait fait aussi pareil parce que c’est l’amour qui est là et puis tant qu’il y a l’amour, le reste ça ne compte pas.
Fin du son.
Ousmane : Vous écoutez Féenose et là on va écouter une chanson qu’elle a fait, en plus d’en parler dans notre micro, elle a une chanson qu’elle a écrit et qu’elle a dédiée à toutes ces femmes, en hommage en tout cas, mutilées. Donc je vous laisse découvrir cette chanson de Féenose sur l’excision.
Diffusion de la chanson« Excision (silence) » de Féenose
Transcription : Sandra Jean-Pierre
Forum de discussion: 1 Message
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Féenose, première artiste féminine du rap burkinabé, lutte contre l’excision et son meilleur ami, le sida
Je dis bravo à Féenose car on parle de plus en plus fort de l’excision et cela ne sera jamais assez fort il faut que cela cesse cette mutilation. Non à l’excision de Tiken Jah Fakoly est une chanson qui résume bien aussi ce fait. Les jeunes Africain(e)s vont changer ces vieilles traditions moi j’y crois. Merci à cette rappeuse qui en plus à bcp de talent. Merci à ton humanitié Féenose