Accueil du site > À écouter, à voir >
Un local à Paris pour les familles vivant avec le VIH
Pas de malades du sida dans mon immeuble : Témoignage d’une psychologue clinicienne, présente lors de la rencontre du Comité des familles avec l’APES
3 avril 2008 (survivreausida.net)
Depuis 2003, le Comité des familles pour survivre au sida mène des actions de santé publique favorisant le soutien, l’accompagnement et la prévention des familles concernées par le VIH dans le cadre du programme national de lutte contre le VIH/SIDA et du Programme régional de santé publique (PRSP) francilien, avec le soutien de l’Institut national pour la prévention et l’éducation à la santé (INPES) et le Groupement régional de santé publique (GRSP) Ile-de-France.
Ces actions permettent aux familles de sortir de l’isolement et de devenir acteur de la prévention.
Cette association multiculturelle a su créer et développer un véritable réseau social avec les habitants des quartiers où elle agit, tout en engageant le dialogue avec les infectiologues, pédiatres, et gynécologues-obstétriciens des services hospitaliers, les élus locaux, les institutions, et d’autres acteurs de la lutte contre le VIH.
L’association est à la recherche d’un local pour accueillir les familles et pouvoir ainsi concentrer ses activités dans un même lieu garant de la confidentialité et du respect de la dignité de chacun.
Il y a quelques semaines, l’association apprenait la vacance du local situé au 61, rue des amandiers dans le 20ème arrondissement de Paris, dont l’APES (Association Pour les Équipements Sociaux) détient le mandat de gestion pour le compte du bailleur.
Suite à deux entretiens téléphoniques ainsi qu’à des échanges de courriers électroniques détaillant l’objet de l’association, un rendez-vous est alors pris avec une chargée de développement social et urbain de l’APES.
Une délégation de cinq personnes du Comité s’est rendu à cet entretien. J’ai accompagné cette délégation, en tant que professionnel extérieure à l’association.
Un film retraçant l’histoire de l’association et les différentes actions menées est alors présenté à leur interlocutrice, « chargée de développement social et urbain » au sein de l’APES.
Cette chargée de développement commence par leur signifier les réserves possibles des 2 autres associations occupant déjà une partie de ce local. Vu sa configuration, le Comité des familles serait — je cite — « au milieu avec vos, vos… ? ! ».
Petit à petit s’installe un malaise. Le terme « psychose » est alors lâché par la chargée de développement. Je comprends alors que le Comité n’aura pas ce local, ni même un autre.
En effet, leur interlocutrice me renvoie de façon inconsciente, mais tellement édifiante, qu’en 2008, les personnes touchées par le sida sont toujours vues comme des dangers publics devant se cacher pour ne pas semer la panique autour d’elles. D’ailleurs, l’APES disposerait d’un local aux portes périphériques de la ville, mieux adapté, où « vous seriez seuls » !
L’APES, organisme de conseil, d’expertise et de mise en œuvre d’actions de développement social et urbain auprès des filiales locatives d’Astria, est censé favoriser la mise en place de projets portés par les habitants ou des associations de quartiers, en partenariat avec les collectivités locales.
Le Comité des familles pour survivre au sida, en contribuant à jouer un rôle important au niveau de la prévention du VIH/sida et aussi à réduire la stigmatisation et la discrimination envers les personnes attentes, semblait être en parfaite adéquation avec ce cahier des charges.
D’ailleurs, en tant qu’association permettant de dynamiser la vie sociale et développer du lien social, leur interlocutrice avait laissé entendre, dans un premier temps, que le Comité correspondait tout à fait à leurs critères.
Or, compte tenu de la réaction de « rejet » de leur interlocutrice, malgré l’assurance de son « soutien à notre cause », le local a été refusé.
Ce qui est évident c’est que de telles attitudes contribuent à créer un environnement dans lequel les personnes séropositives se sentent stigmatisées.
La lutte contre l’épidémie exige une acceptation accrue des personnes qui vivent avec le VIH/sida par leurs familles, leurs communautés, leurs employeurs et de la société en général. Les personnes qui vivent avec le VIH/sida sont des êtres humains avant tout.
Madame M.N., psychologue clinicienne doctorante
Lettre ouverte à Monsieur et Madame Toulemonde
Not In My Backyard : L’APES, filiale d’Astria qui gère le 1% patronal, ne veut pas de malades du sida dans ses locaux qu’elle loue aux associations