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Émission du 6 juin 2006 (n° 278) | États-Unis d’Amérique | Khurram Hassan
Adolescentes Noires, pauvres et séropositives à Atlanta : sick and tired of being sick and tired (avec Khurram Hassan)
12 juin 2006 (survivreausida.net)
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Écouter: Adolescent, séropositif et pauvre à Atlanta (Etats-Unis) : rencontre avec Khurram Hassan (MP3, 2.6 Mo)
Maya présente Khurram Hassan, militant sida et spécialiste de santé publique. Khurram a travaillé pendant près de quinze ans au Grady Memorial Hospital dans un quartier pauvre et Noir d’Atlanta, auprès des enfants et adolescents vivant avec le VIH.
Les Noirs américains âgés de 19 à 24 ans ont 20 fois plus de risque d’avoir le sida que les autres jeunes du même âge. Il a oeuvré pour aider les jeunes séropositifs à s’organiser, avec d’autres séropositifs de tous parcours et toutes origines, pour faire entendre leurs besoins et préoccupations.
Comment les adolescents vivent leur sérologie HIV à Atlanta ?
Il est très difficile pour des adolescents de vivre avec la séropositivité, surtout lorsqu’ils prennent conscience de tout ce qui change à cause du VIH. Dans les quartiers Noirs, les jeunes adolescentes sont en première ligne : certaines d’entre elles se retrouve à treize ou quatorze ans, enceintes et séropositives. Si l’arrivée des traitements a tout changé, c’est chez les jeunes séropos qu’il y a eu les plus grands défis concernant notamment les effets indésirables, l’observance, l’adaptation des traitements à l’enfant, la possibilité de parler de sa séropositivité à l’école, et la possibilité d’avoir une vie sexuelle et affective. Aux États-Unis, les petites annonces entre séropositifs sont monnaie courante. Les gens cherchent l’amour, ne veulent pas rester seuls. Les ados ne passent pas forcément par les petites annonces, ils rencontrent d’autres ados dans les groupes de parole, par exemple. Mais certaines adolescentes se retrouvent piégés par de véritables prédateurs qui proposent de s’occuper d’elles en contrepartie de rapports sexuels non-protégés. Faire un bébé permet d’accéder à un statut social.
Comment les jeunes filles vivent leur séropositivité ?
Les jeunes femmes ont l’espoir de vivre longtemps. Elles recherchent d’abord un soutien, un partenaire pour les aider à élever leurs enfants. Il ne s’agit pas simplement de « safer sexe » mais de « safer partners », c’est-à-dire de trouver des partenaires masculins qui participent à la vie familliale pour construire une vraie vie de couple. Les jeunes femme sont souvent un parcours scolaire plus long que les anciennes, et ont parfois du mal à engager le dialogue avec leurs cadettes. Les jeunes arrivent surtout à s’entendre avec celles qui leur ressemblent.
Comment vivent les enfants nés avec le virus ?
Leur vie est compliquée parce que, depuis leur naissance, leurs parents et les médecins gèrent presque tous les aspects de leur vie. Par conséquent, certains d’entre eux veulent échapper à ce cadre contraignant. Ces jeunes adultes savent beaucoup de choses sur l’infection et la vie avec le VIH. Ils vont naturellement vers les adolescents et les jeunes vivant avec le VIH, sans distinguer le mode de contamination. Mais certains parents voient d’un mauvais oeil la fréquentation de jeunes des quartiers défavorisés, usagers de drogue, ou autre... L’État aide beaucoup plus facilement les enfants séropositifs, et donne plus d’argent pour eux que pour d’autres catégories des séropositifs. Les parents sont organisés en lobby et savent faire entendre leur voix.
Comment se passe la prise en charge des traitements ?
C’est très compliqué aux États-Unis, parce qu’il y a 40 millions de personnes sans assurance maladie. Pour les pauvres, il est possible d’avoir accès aux soins VIH, mais plus difficilement pour les autres soins qui ne sont pas directement liés à l’infection.
Comment les gens en prison sont-ils traités, en particulier lorsqu’ils sont en fin de vie ?
En principe, les détenus doivent avoir accès aux soins VIH. Dans les faits, il n’y a pratiquement aucune prévention du VIH, et les VIH se propage dans les prisons du fait du partage des seringues et des rapports sexuels non-protégés. L’État doit garantir les soins, mais ne propose même pas le dépistage, ce qui les dédouane d’assurer les soins. Les mourants ne bénéficient d’aucun régime de faveur et ne sortent pas de prison pour autant.
Photos

Khurram Hassan et sa compagne Shan discutent avec les familles du Comité