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Rwanda : les malades dénoncent l’injustice dans la distribution des ARV
21 février 2006 (IPS)
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par Aimable Twahirwa
KIGALI, 20 fév (IPS) - Malgré les efforts du gouvernement rwandais pour élaborer des stratégies dans la lutte contre le SIDA, une partie des personnes infectées se plaint de ne pas bénéficier de l’assistance qui leur est destinée.
La plupart des séropositifs se plaignent notamment d’une mauvaise allocation des ressources pour aider les malades du SIDA, et d’une autre forme de discrimination signalée dans la distribution des anti-rétroviraux (ARV). "La distribution des aides et médicaments qui nous sont destinés est faite de manière arbitraire, puisqu’il n’y a jamais eu transparence et suivi rigoureux de la part des officiels pour s’assurer de la bonne gestion de cette assistance", déclare à IPS, Mireille Uwamwezi, une jeune femme séropositive d’une trentaine d’années, présidente d’une association non gouvernementale de personnes vivant avec le VIH/SIDA, ’Twisungane’ (Soyons solidaires, en Kinyarwanda), dans le Rusizi, un district du sud-ouest du pays.
Uwamwezi, dont le mari est mort de SIDA, regrette l’attitude de certaines autorités rwandaises qui, selon elle, ’’sont souvent complaisantes dans cette répartition des ARV et des financements pour des projets générateurs de revenus visant à aider les malades du SIDA les plus démunis à subvenir à leurs besoins de base dans la perspective de lutte contre la pauvreté’’. Philomène Mukunde, une tresseuse dans un petit salon de coiffure de Kigali, la capitale rwandaise, qui est également séropositive, dénonce ce mépris de la Commission nationale de lutte contre le SIDA (CNLS) à l’égard des appréhensions des sidéens rwandais. "Regarde, mon revenu mensuel de 30.000 francs rwandais (environ 50 dollars) ne pourra jamais satisfaire mes besoins de base, en m’achetant des médicaments en même temps", se plaint-elle. Selon la CNLS, pour bénéficier des ARV, les patients doivent avoir une ordonnance signée par un comité de cinq personnes, mis en place dans chaque district sanitaire. "C’est ce comité qui doit évaluer si telle personne infectée pourra recevoir un traitement du VIH, en tenant compte de la gravité de sa maladie", a expliqué à IPS, Dr Kitoko Mbuguje, directeur de la mobilisation à la CNLS qui est une structure officielle. Pour le moment, les ARV constituent les seuls médicaments qui prolongent la vie des malades du SIDA. Le traitement mensuel aux ARV coûte actuellement au Rwanda 30 dollars, contre environ 200 dollars il y a quelques années. A la fin de 2005 au Rwanda, une enquête démographique et de santé, menée conjointement par le ministère de la Santé et d’autres institutions, estime à trois pour cent le taux de séroprévalence du VIH dans l’ensemble de la population du pays, tandis que le nombre de personnes vivant avec le VIH serait d’environ 300.000. L’enquête indique un taux de 17 pour cent chez les adultes sexuellement actifs, les femmes étant les plus exposées à cette pandémie, avec un taux de 13,5 pour cent à Kigali, 6,3 pour cent dans les autres villes, et 3,2 pour cent en zone rurale.
Les officiels du ministère de la Santé et de la CNLS affirment qu’environ 90 pour cent des malades du SIDA reçoivent des ARV, mais les intéressés, comme Uwamwezi, contredisent cette affirmation. En outre, les officiels n’autorisent pas les journalistes à accéder aux données réelles sur le VIH/SIDA.
’’Nous exigeons des malades qu’ils se regroupent au sein des associations ou tout autre forme de communauté unie, dans la perspective de s’assurer que des fonds qui leurs sont alloués soient réellement rentables en générant d’autres revenus’’, souligne Mbuguje. Il cite des cas d’escroquerie et de mauvaise gestion, qui ont été constatés au sein de certaines associations. Ainsi, dit-il, le gouvernement ne pouvait pas continuer d’investir des fonds qui seront mal gérés et difficiles à justifier devant les bailleurs. "L’impact régional — sur la propagation de l’épidémie — de la guerre civile qui vient de se dérouler, avec la déstabilisation totale du pays et des migrations d’une énorme ampleur, ne doit pas être ignoré", indique Mbuguje à IPS.
Le Rwanda a connu une guerre civile commencée en 1990, et qui s’est terminée par un génocide en 1994, au cours duquel plus de 800.000 Tutsis et Hutus modérés ont été massacrés par des groupes de Hutus extrémistes dont les leaders politiques et militaires étaient au pouvoir à l’époque. Dr Agnès Binagwaho, secrétaire exécutive de la CNLS, qui assure le contrôle de toutes les activités de lutte contre le SIDA au Rwanda, affirme que le problème de l’argent pour financer les projets des sidéens ne devrait pas être perçu comme la seule entrave pour bien d’initiatives mises en œuvre par les différents acteurs du combat contre le VIH. "Il faut aussi voir du côté social en s’impliquant dans la suppression du stigma fait aux personnes infectées", observe-t-elle. Cette opinion est partagée par Dr Innocent Nyaruhirira, secrétaire d’Etat rwandais chargé de la Lutte contre le SIDA, qui appelle également tous les partenaires des différents secteurs de la vie socio-économique nationale à s’impliquer dans cette campagne. Nyaruhirira estime que cette assistance aux malades du VIH devra également se traduire à travers différents programmes de "counselling", une assistance psychologique dans la formation et l’initiation des groupes vulnérables infectés à des projets générateurs de revenus et créateurs d’emploi. De son côté, le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), basé à Arusha, en Tanzanie, envisage également d’accroître son assistance dans la prise en charge des femmes témoins qui sont déclarées séropositives suite aux viols subis durant le génocide. ’’Cette assistance se traduira par la prise en charge médicale et d’autres formes de soutien spécifiques envers des personnes dont le TPIR estimera avoir besoin pour recueillir de vraies informations sur les affaires pour lesquelles elles seront convoquées pour une audience’’, a expliqué aux journalistes, la chargée de genre au sein du TPIR, Elsie Effange Mbella. Selon elle, cette initiative profite actuellement à 46 sidéennes rwandaises, dont l’une reçoit, en même temps, un traitement contre la tuberculose. Le ’Treatment and Research on AIDS Control’ (TRAC), créé en 2001 par le gouvernement rwandais, est l’un des centres de recherche sur le VIH/SIDA existant au Rwanda. Sa mission principale est d’assurer une distribution rationnelle des ARV dans quelque 200 hôpitaux et centres de santé du pays, qui sont également autorisés à faire le dépistage volontaire dans leurs localités respectives.
Selon Dr Mbuguje, le centre a reçu des subventions d’un montant de quelque 100 millions de dollars cette année, provenant de plusieurs bailleurs dont le Fonds mondial de lutte contre le SIDA, le paludisme et la tuberculose.
Mais, Bernard Niyonzima, un conducteur de minibus dans la ville de Kigali, réagit à IPS par rapport à la distribution des ARV : "Mon petit frère ne serait pas mort dans de telles circonstances s’il avait reçu au moins une cure des ARV’’.
’’Est-ce que ces responsables chargés de la distribution pensent que nous sommes suffisamment myopes pour ne pas décrier cette discrimination ?", demande-t-il, déplorant que les nantis bénéficient mieux de ces médicaments. Pour parer à cette ségrégation entre riches et pauvres dans l’accès aux ARV, la première dame du Rwanda, Jeannette Kagamé, parraine un projet de Planning familial qui a reçu l’appui de nombreux donateurs. Aujourd’hui, quelque 800 femmes enceintes séropositives reçoivent gratuitement un traitement à la ’Nevirapine’, pour éviter le risque de contamination du VIH de la mère à l’enfant. (FIN/2006)
Forum de discussion: 2 Messages de forum
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Rwanda : les malades dénoncent l’injustice dans la distribution des ARV
bonjour , Un autre point à souligner : la qualité des ARV qui ne sont pas de bonne qualité et aussi les tests de prélèvements médiocres . Les tentatives d’envois de ces prélèvements en Europe afin de pouvoir affiner le traitement semblent difficiles . Comment organiser des transports plus sûrs de ces prélèvements vers l’Europe et assurer des traitements de meilleurs qualités ? A l’avance merci de votre réponse . Sincères Salutations
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Rwanda : les malades dénoncent l’injustice dans la distribution des ARV
Bonjour, Je suis très choqué par les nlles qui me parviennent du Rwanda, mon pays où les associations et institutions reçoivent des fonds important mais ne font que les détourner à leur propres fins (les salariés) ....
CNLS, RRP+, etc.... sont dénoncés par les séro rdais et les soins médicaux sont très médiocres malgré l’arrogance de TRACRWANDA et les fonds qu’ils utilisent
Courage mes compatriotes !
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Rwanda : les malades dénoncent l’injustice dans la distribution des ARV