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Sans papiers : la grève de la faim risque de tourner mal
3 juin 2000 (La Voix du Nord)
LILLE, 3 juin 2000 (La Voix du Nord)
La grève de la faim menée à Lille par 25 sans-papiers, précairement hébergés dans les locaux de la bourse du travail depuis le 8 avril, prend une si vilaine tournure que le parquet a décidé de se saisir de l’affaire et de mener une enquête judiciaire. Les services de soins et les médecins du SAMU ont eu bien des difficultés à approcher des grévistes. Puis, quand il purent enfin le faire, ils se virent opposer une fin de non recevoir à leur proposition d’examiner les grévistes. Cependant, le rapport des médecins était si alarmiste que le préfet a décidé de tenter une nouvelle approche en proposant que des médecins privés examinent les grévistes. Ces derniers opposèrent un nouveau refus.
Poursuites
Entre temps, le procureur de la République a décidé de lancer une enquète judiciaire pour établir clairement les responsabilités en cas d’accident car, sans parler déjà de mort possible, certains grévistes peuvent présenter des séquelles irréversibles. Il se pourrait donc que tous ceux qui, de près ou de loin, favorisent cette grève de la faim ou tout au moins n’agissent pas pour persuader les grévistes de se laisser soigner, puissent être poursuivis. Les qualifications pourraient aller de la simple non assistance à personne en danger à l’homicide volontaire ou involontaire en passant par l’empêchement d’accès au soin. En présentant les nouveaux éléments du dossier, le préfet Franquet, préfet de police, a aussi précisé que tout était prévu pour que les grévistes puissent prolonger leur abstinence alimentaire dans des hôpitaux et avec assistance médicale, perspective que refuse toujours le comité des sans papiers qui ne veut pas quitter les couloirs et les bureaux de la bourse du travail. Devant cette situation, Pierre Mauroy a réuni, hier matin à la demande du préfet, la commission locale de sécurité qui a examiné les locaux en question. La commission a relevé diverses anomalies dont la fermeture des portes, l’encombrement des couloirs, la présence de personnes partout.
Immigration clandestine
Comme il fallait s’y attendre, elle a conclu que ces bureaux étaient devenus des "lieux de sommeil de fait", lesquels sont soumis à des prescriptions draconiennes. Elle a donc prescrit l’évacuation. Le maire a, de ce fait, pris un arrêté de fermeture, et l’a fait notifier aux responsables juridiques des lieux, les syndicats liés par convention avec la ville, propriétaire de l’immeuble. Le préfet Franquet précisait hier : "Nous avons engagé une course contre la montre pour sauver des gens du désastre physique ou de la mort. Il faut être entre gens raisonnables, qu’ils aillent à l’hôpital le plus vite possible." Du côté de Pierre Mauroy, on constate : "Eclate au grand jour l’irresponsabilité de ceux qui organisent cette prise d’otage idéologique" et on dénonce "une véritable filière d’immigration clandestine".
J.-Y. M.