Benlama sort de l’hôpital, alors qu’il était en plein montage du nouveau Comité des familles. J’ai la bêtise de lui demander si son retour rue Dampierre résulte d’une bonne nouvelle. Ce n’est pas le cas. Le cancer gagne du terrain. Drôle de concurrence entre viruses et cellules folles… « Je me suis fait une raison qu’il n’y a plus de solution pour moi ». Mais là n’est pas notre propos. La mort on y a beaucoup réfléchi. Les morts, on les a pleuré et on continuera à le faire, d’un anniversaire morbide à l’autre. On en parlera quand même, mais ce n’est pas tout. On voulait reprendre le fil : Benlama m’avait laissé avec son compagnon d’infortune, un dénommé Hamzaoui, en 1980. Avant de le retrouver, on partira au Maroc, au moment de la Marche verte. On retrouvera notre héroïque compagnon à dos de cheval, puis au volant de la jeep de la caserne, empruntée pour partir en virée en quête de liberté… Aussi, les Halles. Sa « période hippie ». Tom, le guitariste anglais. Ben, cracheur de feu. Les empreintes de la « guerre d’Algérie » expliquent, selon ce dernier, comment certains ont été poussés dans les marges de la société, dans la contestation mais aussi, parfois, dans la descente aux enfers de la précarité, la répression, et la violence structurelle de la restructuration permanente des années quatre-vingt – dans laquelle l’héroïne est entrée dans la danse. L’épisode se termine à la frontière franco-belge. Benlama va devenir braqueur et dealer. S’il y a une suite, ce sera l’occasion de parler de la culpabilité, preuve de l’existence d’une conscience. Voir d’une morale.