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Émission du 15 janvier 2015 (n° 664) | Benlama Bouchaïb
Émission du 22 janvier 2015 (n° 664)
20 janvier 2015 (survivreausida.net)
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Écouter: Émission du 22 janvier 2015 (n° 664) (MP3, 32 Mo)
Benlama fait partie de ceux que j’aime. Nous étions frères de lutte depuis longtemps. Pourtant, c’est seulement en 2008 qu’il a appelé l’émission pour la première fois.
C’était un moment d’effusion pour nous tous. Cinq ans après avoir fondé le Comité des familles, on venait de gagner notre premier local. Je me souviens de l’emballement de Ben lors de la première Fête des amoureux (renommée « soirée séromantique » par un barde sicilien), qui retrouvait le bonheur incroyable de ceux qui luttent pour goûter aux plaisirs de la vie. À la barre de l’association, je restais méfiant, malgré tout, lui renvoyant mes propres soupçons face aux siens, lui qui avait longtemps milité pour d’autres que les siens…
Ben est mourant. Et ce, depuis 1990. Des médecins lui annoncent régulièrement l’imminence de son décès. Il n’a plus de foie. Ou un cancer à sa place. Je n’ai pas tout compris. Je sais juste que son temps est compté. Il le vit.
Ces dernières années, il faut être honnête, j’ai perdu quasiment tout contact. Pire, j’ai parfois esquivé ses appels. Je n’en suis pas fier. Après tout, j’avais largué les amarres du Comité des familles, parti à la dérive. Je voulais mettre un point d’orgue à tout ça, comme Eric Chapeau.
Ben est debout. Il m’a appelé ce soir, fraîchement rentré du Maroc, où il tente de faire vivre une association de patients qu’il a créé, avec d’autres, sur place, pour y porter les mêmes principes qui ont fondé le Comité des familles.
Première ébauche, un peu fouillie, de discussion, donc. Je voulais à tout prix remonter dans le temps, pour explorer sa trajectoire singulière, pour refuser de le réduire à ce qu’il est aujourd’hui, et pour l’écouter pour saisir ce qu’il est devenu, ce qu’il a fait de cette expérience.
Je ne demande à personne de l’écouter. Je crains que ceux qui écoutent passent à côté de la profondeur de sa pensée, de la philosophie de vie et de lutte qui l’anime.
Quoi qu’il en soit, il s’agit d’une modeste contribution à notre mémoire collective. Une première ébauche, du brut, sans montage, jingle, pause musical ou autre fioriture. On verra bien s’il y aura une suite.
Car cela fera 20 ans, déjà. C’était le 30 novembre 1995. Ce soir-là, j’ai animé une première émission sur le thème des Maghrébins face au sida, d’abord sous le titre « Migrants contre le sida », ensuite « Survivre au sida », à partir de 2003. L’émission a fini par couler définitivement en mai 2013, après 663 éditions, par refus de poursuivre une formule ancienne qui ne correspondait déjà plus à l’époque, et suite à l’échec d’une version quotidienne qui devait réinventer la narration des vies avec le VIH.
Il ne s’agit donc nullement d’un retour, mais d’un sursis.
À lire, à écouter
Les articles de cette émission seront disponibles prochainement.